Jean-Loup Dabadie, Scénariste, Auteur, Adaptateur, Dialoguiste
Passionné par le théâtre et l’écriture, Jean-Loup Dabadie publie aux éditions du Seuil à 19 ans son premier roman intitulé Les Yeux secs, suivi des Dieux du foyer. Il débute en parallèle dans le journalisme et Pierre Lazareff l’engage au sein de son groupe de presse. Auteur d’articles dans Arts et Spectacles, il se tourne vers la télévision et forme une équipe avec Jean-Christophe Averty et entre autres Guy Bedos pour lequel il écrit des sketchs qui font mouche : Bonne fête Paulette, Le Boxeur, Monsieur Suzon, Un jeune homme de lettres, Bibi et Saint Tropez c’est trop snob ! En 1962, il amorce une carrière dans le cinéma en écrivant le sketch Ella réalisé par Jacques Poitrenaud pour le film Les Parisiennes. Il travaille également avec Pierre Gaspard-Huit et Jean Delannoy, mais son talent de dialoguiste / scénariste prend corps quand il rencontre Claude Sautet pour Les Choses de la vie dont il écrit aussi la mythique Chanson d’Hélène pour Romy Schneider. Prix Louis-Delluc en 1969, ce classique du cinéma français marque le début d’une longue amitié qui conduit les deux hommes à collaborer assidument pour autant de chefs d’œuvres dont Jean-Loup Dabadie signe les partitions virtuoses, de Max et les ferrailleurs à Garçon !, en passant par les inoubliables César et Rosalie, Vincent, François, Paul et les autres et Une histoire simple qui lui vaut une nomination au César du Meilleur Scénario ou Adaptation. Il met son art du dialogue ciselé et du rebondissement au service d’autres grands réalisateurs français de cette époque qui comptent parmi ses amis et avec lesquels il travaille régulièrement. Il forme notamment un tandem gagnant avec Yves Robert. En attestent Salut l’artiste, Courage fuyons et Le Bal des casse-pieds, sans oublier la comédie culte Un éléphant ça trompe énormément et sa célèbre suite Nous irons tous au paradis pour lesquelles il est également nommé aux César. Il écrit pour Philippe de Broca La Poudre d’escampette et Chère Louise et, pour Claude Pinoteau, Le Silencieux et La Gifle, lauréat du Prix Louis-Delluc en 1974, mais aussi La Septième cible. Il ajoute plusieurs titres à son prestigieux palmarès : Une belle fille comme moi de François Truffaut, Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau, Violette et François de Jacques Rouffio, Clara et les chics types de Jacques Monnet, Attention, une femme peut en cacher une autre ! de Georges Lautner et Descente aux enfers de Francis Girod. Il écrit les paroles de la chanson Ça n’arrive qu’aux autres pour Michel Polnareff qui avait composé la musique du film de Nadine Trintignant. Récemment, il travaille avec Jean Becker pour La Tête en friche, Bon rétablissement et Le Collier rouge. Son adaptation pour le petit écran de La Bicyclette bleue de Régine Deforges bat des records d’audience.
Parallèlement à ses activités cinématographiques, Jean-Loup Dabadie signe plusieurs pièces en tant qu’auteur : La Famille écarlate, D’Artagnan monté par Jérôme Savary. Ces réussites assoient son talent d’« écrivain de spectacles », selon l’expression de François Truffaut, et lui permettent d’écrire pour Sylvie Joly, Michel Leeb, Jacques Villeret, Pierre Palmade et Muriel Robin. Dans les registres comique et dramatique, il se révèle brillant adaptateur avec Le Vison voyageur de Ray Cooney et John Chapman, Madame Marguerite de Roberto Athayde, Deux sur la balançoire de William Gibson pour lequel il remporte un Molière en 1987, Double mixte de Ray Cooney, Quelque part dans cette vie de Israël Horovitz, Je ne suis pas un homme facile et Comédie privée de Neil Simon.
Artiste éclectique et prolifique, il est reconnu du grand public pour ses nombreuses chansons à succès. Il écrit en effet pour les plus grands noms de la scène française, parmi lesquels Barbara, Petula Clark, Richard Cocciante, Sacha Distel, Jacques Dutronc, Claude François, Juliette Greco, Johnny Hallyday, Elsa, Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Enrico Macias, Nana Mouskouri, Yves Montand, Nicoletta, Régine, Sylvie Vartan, Liane Foly, Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Henri Salvador et même Jean Gabin. Serge Reggiani, Michel Polnareff, Michel Sardou et Julien Clerc immortalisent en musique ses mots avec des titres comme Le Petit Garçon, Et Puis, L’Italien, Hôtel des voyageurs, Tous les bateaux tous les oiseaux, Lettre à France, On ira tous au paradis, Chanteur de jazz, Tous les bateaux s’envolent, Maman ? (en duo avec Jackie Sardou), Partir, Ma préférence, Femmes… je vous aime, Respire…
Jean-Loup Dabadie est lauréat de nombreuses récompenses, dont le Prix Jean Le Duc de l’Académie Française pour César et Rosalie et La Gifle, le Grand Prix du Cinéma de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, le Grand Prix de l’Humour et celui de la Chanson Française de la SACEM, le Prix Raymond-Devos de la Langue Française et le Prix Henri-Jeanson de la SACD. Commandeur de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre National du Mérite et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il devient « Immortel » en 2008 lors de son élection à l’Académie française. L’Institution renoue ainsi avec le cinéma, qui n’était plus représenté depuis la mort de René Clair en 1981, élu au même fauteuil vingt et un ans plus tôt.